Enfant du Trièves, L' by Varel Brigitte

Auteur:Varel, Brigitte [Varel, Brigitte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Terroir
ISBN: 9782258055216
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2002-11-30T23:00:00+00:00

Ils ne perdirent pas une seconde. Ils foncèrent à l’hôtel régler leur note, tout en mettant au point la suite de leur plan.

La voiture s’élança sur la route du retour, encore mouillée et glissante de l’orage de la veille. Le soleil se frayait un chemin à travers une multitude de petits nuages cotonneux.

Le temps du trajet ne calma pas l’impatience d’Antoine. Sa conduite fut nerveuse, à la limite de la prudence. Catherine donna le change en dominant son angoisse dans chaque virage lorsque les pneus crissaient, malmenés dans une course que la petite 4 CV supportait vaillamment. Pourtant arriva un moment où, dans un virage, l’automobile dut céder le pas. Un tracteur se traînait en plein milieu de la route. Antoine freina à mort, mettant son véhicule à rude épreuve. Le choc fut évité, à quelques centimètres près.

Le paysan frappa son index plusieurs fois de suite sur son front. Antoine bondit hors de la voiture, ravi de pouvoir faire exploser le trop-plein de fureur qui l’étouffait depuis son renvoi de l’asile. Il n’entendit pas Catherine lui crier d’arrêter. Il avait déjà escaladé l’engin et se trouvait au niveau du conducteur, le poing serré, prêt à faire ravaler au type son air qu’il trouvait niais. Le paysan, un gros bonhomme rougeaud, rejeta sa casquette en arrière et cracha le mégot froid qu’il mâchouillait. Antoine aurait volontiers défoulé ses nerfs sur la face rubiconde, mais il se contenta de secouer par la chemise ce tas sans réaction. Sans un mot, il le bouscula une dernière fois. L’homme se tassa sur son siège de fer en haussant les épaules.

En rejoignant sa voiture, Antoine fut surpris de ne plus voir sa passagère. Le bruit d’un renvoi, joint à celui d’un hoquet, lui fit tourner la tête vers le talus. Penchée en avant, Catherine vomissait en se tenant l’estomac à deux mains.

Stupéfait, Antoine s’immobilisa. Il n’avait jamais vu Catherine malade ou même seulement fatiguée. Il ne perçut tout d’abord que le côté fâcheux du contretemps. Un peu agacé, un peu contrarié, il réussit cependant à ne paraître qu’ennuyé, ce qui pouvait passer pour de la sollicitude.

Lorsqu’ils repartirent, Antoine leva le pied. Catherine affirmait que tout allait bien et jouait d’un intérêt forcé en insistant sur l’importance des heures qui allaient suivre. Le reste du trajet se passa sans problème.

Comme ils en avaient convenu, Antoine s’arrêta à Mens, et Catherine continua seule sa route jusqu’à Lalley.

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